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La philosophie du Wing Chun

Ne prends pas les devants, laisse-toi attaquer.
Au lieu de progresser d’un pouce, recule d’un pied.
C’est là ce que l’on appelle, avancer sans bouger.
Brandir une arme inexistante.
Céder sans retrousser ses manches.
Capturer l’ennemi sans jamais l’affronter.
Sous estimer son ennemi, voilà le pire.
C'est déjà perdre son trésor.
Et quand deux armées en viennent à combattre,
la victoire revient au camp qui sait pâtir.

- Lao Tseu -

On se pose souvent la question : combien de temps me faut-il pour être efficace ? La question du temps n’est pas essentielle. L’art martial est surtout une manière d’être et donc ne se limite pas dans le temps. Il donne des moyens d’aller plus loin à la découverte de soi-même. C’est a partir de ce point de contrôle de soi que nous pouvons obtenir le contrôle de l’adversaire lors d’une agression ou d’un combat.

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Facteurs psychologiques et émotionnels

Lors d’une agression, différentes émotions surgissent et entravent l’efficacité du combattant. La peur ou la douleur ont pour effet de dilater la pupille et de réduire le champ de vision. Le Wing Chun met à disposition différentes sources de travail permettant de canaliser les émotions: exercices d’équilibre, de coordination du corps, précision du mouvement, réflexe oculaire et neuro-sensitif, développement du tonus musculaire et des énergies (interne-externe), sensation, timing, explosivité.

C’est en réunissant tous ces éléments que nous pouvons aborder le combat d’une manière plus sereine, en ayant confiance en soi. Le Wing Chun enseigne plus qu’une simple méthode efficace d’auto-défense. Il vous apprend à devenir une meilleure personne que ce soit d’un point de vue physique, mental, ou spirituel.

La pratique du Wing Chun vous donnera confiance en votre propre capacité à vous protéger contre les attaques physiques. Quand la peur est retiré, l’arrogance de l’incertitude se dissipe, et il n’est plus alors nécessaire de se prouver a soi-même que l’on peut être efficace dans une forme de confrontation physique. En apprenant à combattre, vous apprenez ainsi à ne pas combattre. En d’autres termes, l’entraînement physique et mental dans le Wing Chun vous rend plus fort physiquement, spirituellement et mentalement.

Les leçons tirées de l’étude de l’art devienne applicable à toutes les phases de la vie. Vous apprenez le respect de vous-même et en même temps le respect des autres. Vous gérerez les situations stressantes d’une meilleure manière parce qu’a travers votre formation, vous aurez appris à mieux contrôler votre corps et vos émotions.

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L’attitude du combattant
expliqué par Bruce lee

« Une fois que vous serez au point sur le plan physique et technique, que vous aurez exploré au mieux le champ de vos possibilités et que vous l’aurez exploité à son maximum, l’essentiel de vôtre travail sur vous même consistera à vous forger au feu du combat, à vous obliger aux expériences difficiles pour le corps et l’esprit et à en tirer une leçon générale sur l’attitude à adopter dans les confrontations.

Ceci est la deuxième étape de vôtre évolution dans la voie martiale, mais encore une fois, elle n’est pas dissociable de toutes les autres : vôtre progression doit s’envisager dans la globalité. D’ailleurs chaque élément retentit sur les autres et il est bien rare de constater qu’une évolution physique par exemple, n’est pas aussi un effet technique et mental. Simplement vous devez privilégier à certains moments certaines choses et il est absolument nécessaire de passer par une phase de guérison de vous-mêmes. Cette force restera en vous, même quand vous aurez renoncé à un entraînement acharné ou aux combats violents et votre esprit aura changé autant que votre corps. La force du corps rend l’esprit plus fort, la force de l’esprit rend le corps plus fort.

L’état que vous devez obtenir est une forme de cohésion intérieure, un accord avec vous-même qui élimine les doutes et le manque de confiance. Cherchez à retrouvez ce que vous êtes vraiment, à utiliser votre potentiel sans qu’il soit masqué ou affaibli par des troubles d’ordre physique ou psychologique, l’un influençant l’autre : nausée, angoisse, faiblesse, crainte, perte d’assurance… le tout fonctionnant en spirale sans fin, le corps affaiblissant l’esprit qui affaiblit le corps.

Pour cela, il faut faire un maximum d’expérience, et en tirer parti. La compétition est un bon moyen d’apprendre à gérer les réactions intérieures, à dépasser les objectifs immédiats et artificiels pour se concentrer sur ce qui en vaut la peine : l’amélioration de soi. Mais ça n’est pas le seul. Les voyages, le travail, les rencontres, tout ce qui vous sollicite régulièrement, tout ce qui peut vous poser un problème, est lui aussi facteur de progression. Dans la confrontation, trouvez cette attitude souple et tonique à la fois qui favorise l’expression du corps, la concentration, les déplacements d’énergie.

N’abordez pas les instants importants dans un état de tension physique et psychique, avec une sorte de bouleversement intérieur qui vous tient si l’on peut dire « hors de vous ». Certains compétiteurs cultivent cette sensation qu’ils rendent positive, pour être plus fort, plus volontaire, plus efficace. Les plus grands pourtant combattent dans le calme et la lucidité et ce sont eux qui ont la plus longue carrière.

A terme, on s’aperçoit que ce sentiment est destructeur et qu’il ne contribue pas vraiment à l’amélioration profonde de celui qui suit la voie martiale. De plus cette tension entraîne une débauche d’énergie que seul un homme jeune peut assumer et encore, généralement dans le cadre étroit des règles de la compétition sportive. En revanche, la nonchalance est exclue dans les Arts Martiaux. Soyez toujours entièrement impliqué dans l’instant présent, engagez-vous totalement. Il n’y a pas de demi-mesure, même à l’entraînement. Vous devez combattre sur un rythme élevé et être toujours prêt à hausser votre effort. Un compétiteur en bonne forme, puisant dans cette réserve d ‘énergie latente qu’on appelle le « second souffle », n’a pour ainsi dire aucune limite de résistance.

En fait l’essentiel est dans l’esprit et vous avez effectué un grand pas quand vous l’avez compris. Un combattant de haut niveau est capable de performances physiques supérieures simplement parce qu’il l’a décidé et que son corps est habitué à suivre la direction de son esprit. Quand nous évoluons dans cette voie nous sommes rapidement étonnés de l’immensité des réserves que nous possédons sans le savoir : nous ignorons des douleurs et des fatigues qui nous auraient arrêtés auparavant, nous travaillons sans sourciller à des rythmes qui nous auraient fait frémir, nous acceptons sans inquiétude l’idée de la confrontation.

Il n’y a qu’un seul chemin pour cela, il passe par une pratique sincère et extrêmement régulière, le respect de vous même et de votre corps – travail physique et hygiène de vie, l’acceptation permanente et joyeuse de l’épreuve. Avant toute chose posez-vous la question : si vous n’aimez pas vraiment ça il est peu probable que vous alliez très loin dans cette voie. Bien sûr il faut savoir accepter l’idée de ne plus être un athlète à certains âges de la vie et commencer à apprendre l’économie de cette énergie précieuse. Mais cela a peu d’importance, si le travail a été fait en son temps, l’esprit ne vieillit pas et il reste assez de cette force intérieure et extérieure pour agir au bon moment, surtout si le corps est toujours entretenu. Alors vous travaillerez sur un rythme naturel, privilégiant les mouvements simples, le placement du corps, réduisant à de très courts instants, mais généralement décisifs, les phases de dépense énergétique maximum.

Peu à peu l‘esprit prend le dessus, la vigilance est parfaite, le regard capte la moindre faille et l’énergie, mobilisée en un instant, s’engouffre. La technique est dominée au point que les détails n’ont plus d’importance et qu’il ne reste que les principes purs ».