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Wing Chun : Les Couteaux Papillons

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L’origine des couteaux papillons dans le système Wing Chun reste relativement méconnu des pratiquants eux-mêmes.

Souvent mise de côté par les élèves, la pratique des couteaux papillons est pourtant une méthode qui favorise le renforcement des tendons au niveau des poignets et des coudes.


Les couteaux papillons du Wing Chun, aussi appelé Bart Jarn Dao en chinois s’utilisent comme le prolongement des bras.

Les systèmes d’attaque et de défense des couteaux-papillons en Wing Chun, emploient le même principe de coordination des deux bras associés que dans le système à mains nues. Un puissant système de déplacements est associé à chaque technique de manière à pouvoir changer rapidement de position tout en se placant hors de portée de l’adversaire.

Le poids des couteaux agit directement sur la maîtrise et la précision des pratiquants. Une pratique régulière améliore grandement la tonicité générale du corps et la puissance des techniques à mains nues.

Histoire des Couteaux-papillons

Les couteaux papillons du Wing Chun sont appelé « Bart Jarn Dao ». Ce nom de Bart Jarn Dao provient de l’intention initiale de leur créateur de désigner les poings d’attaques et de visées principales des couteaux-papillons qui sont à l’origine : les poignets, les coudes, les genoux et les épaules.


Le but était plutôt de blesser l’agresseur que de le tuer. En effet les Bart Jarn Dao sont originaires du temple de Shaolin, ils étaient utilisés par les moines et les nonnes lors de leurs déplacements. Ceux-ci transportaient régulièrement des sommes d’argent gagné par leur travail et bien souvent devaient faire face à l’agression de bandits désireux de leur dérober leurs biens.

A cette époque, il n’était pas rare que les agresseurs soient armés, les moines pouvaient alors utiliser les couteaux-papillons pour se défendre. Ceux-ci ne nécessitant que peu d’encombrement, ils étaient une des seules armes pouvant s’adapter aux différentes formes d’épée, de sabres et de bâton.


La religion Bouddhiste dont les moines étaient issus leur enseignait le respect de la vie, et ils ne leur étaient pas permis de donner la mort. De ce fait, les cibles de contre-attaque devinrent les poignets et autres articulations qui immobilisaient de toute façon le combattant adverse.

L’invasion des Mandchous : la naissance du wing chun

Durant la dynastie des Qing (1644-1911), la Chine était envahie par les Mandchous. Quatre vingt dix pour cent du peuple des Hans était opprimé par dix pour cent de Mandchous. Quand toutes les armes furent interdite les Mandchous obtinrent le contrôle total de la Chine. Ils mirent en place de nombreuses lois injustes et cruelles contre le peuple des Hans.

La pratique du Kung Fu avec ou sans armes fut interdit afin d’empêcher un quelconque mouvement de révolte.

Par ailleurs, le gouvernement Mandchou adopta la culture chinoise et respecta les temples Shaolin en tant que temple bouddhiste.

Les Hans de souche entreprirent la formation d’une armée révolutionnaire. Les temples Shaolin devinrent ici et là, les sanctuaires d’entraînement secrets.

Cinq grands maîtres se réunirent pour regrouper les techniques les plus efficace de leur style respectif et créerent les premiers principes d’une méthode de combat qui allait plus tard devenir le Wing Chun.

les couteaux papillons du wing chun : l’arme idéale

Les couteaux-papillons du Wing Chun furent choisis comme arme de prédilection des moines car la longueur de leur lame étaient facilement dissimulable.

En période de guerre cela n’était pas négligeable. Les couteaux papillons pouvaient être utilisés comme un prolongement du bras. Cela facilitait l’application des techniques et des principes à main nues dans le combat aux armes. Le principe de base était que chaque défense était accompagnée d’une technique de contre attaque dans le même temps avec l’autre bras. Et chaque attaque d’un mouvement de déviation, de parades ou d’immobilisation avec l’autre couteaux.


Une longueur idéale ?

La longueur de la lame est égale à la distance du poing et de l’avant-bras, et une garde en métal est positionnée autour de la poignée afin de protéger la main.

Les couteaux-papillons sont souvent confondus avec les petits couteaux philippins appelés Balisong. Ces deux armes n’ont pourtant rien en commun, les couteaux-papillons ressemblent plus facilement à des petits sabres.

L’avantage de la taille de la lame des Bart Jarn Dao est qu’ils peuvent s’adapter aux armes courtes ou longues (bâton, sabre, chaîne, lance, trois sections, etc…) et ceci même dans des espaces réduits. Bien évidemment dans les rapports avec les armes longues telle que la lance, le pratiquant devra se munir d’une solide vigilance ainsi qu’une rapidité d’action hors du commun.

La longueur particulière de la lame est conçue pour faciliter le maniement rapide et souple. Si la lame est trop longue, l’utilisateur ne pourra pas pratiquer les techniques de rotation à l’intérieur des bras.

Les couteaux papillons dans d’autres styles que le wing chun

Le Wing Chun n’est pas le seul style à utiliser les couteaux-papillons. Dans les styles du Nord de la Chine on retrouve aussi cette pratique.

Les techniques et les principes d’action sont par contre différents.

A mi-distance, le Wing Chun utilise des systèmes de coup de pied en coordination avec l’utilisation des deux couteaux.

Wong Fei Hong, un maître bien connu pour ses prouesses martiales, était réputé pour sa dextérité avec les couteaux papillons.

La pratique de la forme des couteaux papillons requiert une bonne habilité générale. Les débutants dans cette pratique devront prêter attention à la direction des techniques qu’ils emploient. Le poids des couteaux rend plus difficile la maîtrise des mouvements. Même si les techniques ne changent pas (Pak, Tan, etc), leur exécution demande plus d’habilité et de concentration.

Un point important est le moment du contact avec l’arme adverse. Le Wing Chun utilise sa science du Chi Sao pour diriger la poussée des techniques dans la bonne direction. A ce stade les mêmes principes que dans les exercices à mains nues sont nécessaires pour progresser correctement.


L’entraînement aux couteaux papillons doit se concentrer sur la précision des mouvements. La mobilité des déplacements, la coordination des mouvements, et la direction correcte dans l’exécution de chaques techniques.

Blocages, frappes et techniques.

En défense, les techniques aux Bart Jarn dao sont basées sur les mouvements circulaire et linéaire, les techniques pivotantes, les mouvements d’abaissement et d’élévation, les techniques de blocage et de cassage de lame.


Pour la contre-attaque les techniques aux Bart Jarn Dao comprennent : les mouvements transperçant, coupant, frappant ainsi que leurs combinaisons.

Au début, les pratiquants commencent par s’initier au bâton. Ce qui élimine les risques de blessure grave. Bien évidemment, l’entraînement aux armes nécessite un maître expérimenté afin de guider correctement le travail et éviter les accidents.

Naturellement les techniques d’applications peuvent s’appliquer à d’autres armes. La grande épée est comparable au sabre du samouraï, à l’épée de Taï Chi, etc… Le pôle (bâton long) est similaire à la longueur de la lance. Le bâton est semblable au bo ; les épées de Kali ressemblent aux doubles couteaux, double épée, double bâton, etc …

Dans la pratique des armes le travail des déplacements est un élément indispensable.

conclusion

L’entraînement aux Bart Jarn Dao demande énormément d’efforts dans le développement de la mobilité. Une mauvaise répartition du poids et instantanément le mouvement suivant s’en trouvera ralenti.


Les réflexes visuels sont aussi d’une importance fondamentale dans ce type d’échange. Savoir quel doit être le point sur lequel il faut se concentrer est essentiel dans la phase de pré-contact. Par la même, la pratique des couteaux papillons est une excellente méthode pour le développement de l’acuité visuelle.


Le travail des applications apprends à suivre des yeux, le point le plus dangereux de l’arme. Généralement la pointe. Il s’agit ensuite de se déplacer rapidement. Les techniques sont conçues pour interrompre l’attaque adverse et le placer dans une position tactique défavorable.

N’importe quelle partie du Bart Jarn dao peut être utilisé pour frapper.

La garde, le crochet, la pointe, la poignée, le dos ou le tranchant de la lame sont autant de manière pour riposter aux attaques d’un adversaire. De plus, la taille et le poids moyen des couteaux en font une arme d’une grande rapidité de maniement.

Avec les couteaux papillons une simple rotation du poignet transforme un mouvement de défense en une technique d’attaque redoutable.

Stéphane Serror