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L’Origine des couteaux-papillons

par Stéphane Serror

« Eight slash butterfly Swords, Bart Jarn Dao »

La pratique des couteaux papillons dans le système Wing Chun reste relativement méconnu des pratiquants eux-mêmes. Souvent mise de côté par les élèves, la pratique des couteaux papillons est pourtant pour les puristes, la méthode clef pour le renforcement général des tendons.

Les couteaux papillons, aussi appelé Bart Jarn Dao en chinois utilisent techniquement les mêmes principes que dans la pratique à main nues. Les systèmes d’attaque et de défense emploient le principe de coordination entre les deux bras associés à un puissant système de déplacements. Le poids des couteaux agi directement sur la maîtrise et la précision technique des pratiquants et il n’est pas rare qu’à la suite d’une pratique régulière les techniques d’applications et la tonicité générale du corps s’en trouve amélioré.

Les maîtres prenaient plaisir à laisser découvrir les élèves par eux-mêmes des vertus des différents exercices affairant à leur style. Outre le côté purement martial de l’utilisation des couteaux papillons en tant que technique de self défense armé, leur pratique contribue fortement aux renforcements de chaque techniques, agissant directement au niveau des tendons des coudes et des poignets et dynamisant la mobilité générale du corps.

Histoire des Couteaux-papillon

Les couteaux-papillons du Wing Chun sont aussi appelé « Bart Jarn Dao ». Ce nom de Bart Jarn Dao provient de l’intention initiale de leur créateur de désigner les poings d’attaques et de visées principales des couteaux-papillons qui sont, les poignets, les coudes, les genoux et les épaules.

La pratique de cette arme provenant directement des temples de Shaolin, l’intention des moines était plutôt de blesser l’agresseur que de le tuer. En effet les Bart Jarn Dao sont originaires du temple de Shaolin, réputé comme lieu de pratique de la religion Chan puis de la religion Bouddhiste en Chine. Ils étaient utilisés par les moines et les nonnes lors de leurs déplacements. Ils transportaient régulièrement des sommes d’argent gagnées par leur travail et bien souvent devaient faire face à l’agression de bandits de grands chemins désireux de leur dérober leurs biens.

A cette époque il n’était pas rare que les agresseurs soient armés, les moines pouvaient alors utiliser les couteaux-papillons pour se défendre. Ceux-ci ne nécessitaient que peu d’encombrement et étaient de plus l’une des seules armes pouvant s’adapter aux différentes formes d’épée, de sabres et de bâton. Qu’elles soient courtes ou longues.

La religion Bouddhiste dont les moines étaient issus leur enseignait le respect de la vie, et ils ne leur étaient pas permis de donner la mort. De ce fait les cibles de contre-attaque devinrent les poignets et autres articulations qui immobilisaient de toute façon le combattant adverse.

L’invasion des Mandchous

Durant la dynastie des Qing (1644-1911), la Chine était envahie par les Mandchous. Quatre vingt dix pour cent du peuple des Hans était opprimé par dix pour cent de Mandchous. Après avoir envahi Pékin en avril 1645, l’empereur Ming, chinois (Han) de souche, se donna la mort. L’empereur Mandchous fit interdire le port et la pratique des armes. Les Mandchous accédèrent aux postes les plus importants de l’empire et conquirent la chine méthodiquement du nord au sud pendant plus de cent ans.  Ils mirent en place de nombreuses lois injustes et cruelles contre le peuple des Hans. Les jeunes femmes, par exemple étaient obligés de se bander les pieds, ce qui avait pour effet de leur causer de graves déformations et d’affreuses douleurs limitant leur capacité de mouvements. Elles devenaient par conséquent dépendantes de leur famille ou de leur mari. Toutes les opportunités d’accéder à des places au sein du gouvernement furent restreintes pour les Hans au-dessus d’un certain niveau. De plus de lourde taxes furent réclamées au province afin de garder le contrôle économique du pays. La pratique du Kung Fu avec ou sans armes fut interdite afin d’empêcher  un quelconque soulèvement ou une révolte quelle qu’elle soit.

Par ailleurs, le gouvernement Mandchou adopta la culture  chinoise et respecta les temples Shaolin en tant que temple bouddhiste.  Afin de restaurer leur dynastie (Ming) Les Hans débutèrent l’entraînement d’une armée révolutionnaire et les temples Shaolin devinrent dés lors les sanctuaires secrets d’entraînement  préparatoire. Dans les systèmes de Kung Fu traditionnel de l’époque il fallait quinze à vingt ans d’entraînement intensif pour acquérir une parfaite maîtrise des techniques de combat.

Devant le nombre important de maîtres ayant dû faire allégeance au gouvernement Mandchou, la nécessitée de développer une nouvelle forme de Kung Fu plus efficace que les formes traditionnelles devint un élément critique.

Dans cette optique cinq grands maîtres se réunirent pour regrouper les techniques les plus efficace de leur style respectif, ils prirent l’habitude de se réunirent dans un salle du temple de la petite forêt (sud de la chine),  nommé Wing Chun (éternel printemps).

Les couteaux-papillons.

Parallèlement au développement des techniques du Wing Chun, les couteaux-papillons furent choisis comme arme de prédilection car la longueur de leur lame étaient facilement dissimulable. Ce qui, vu le contexte de l’époque, n’était pas négligeable. De plus les couteaux papillons pouvaient être utilisés comme un prolongement du bras ce qui facilitait l’application des techniques et des principes à main nues dans le combat aux armes. Le principe de base était que chaque défense devait être accompagnée d’une technique de contre attaque dans le même temps avec l’autre bras, et chaque attaque d’un mouvement de déviation, de parades ou d’immobilisation avec l’autre couteaux.

Une longueur idéale ?

La longueur de la lame est égale à la distance du poing et de l’avant-bras,  et une garde en métal est positionnée autour de la poignée afin de protéger la main. Bien souvent les couteaux-papillons sont confondus avec les petits couteaux philippins appelés Balisong. Ces deux armes n’ont pourtant rien en commun, les couteaux-papillons ressemblent plus facilement à des petits sabres qu’à des canifs de poche ! L’avantage de la taille de la lame est que les Bart Jarn Dao peuvent s’adapter aux attaques des armes courtes et longues (bâton, sabre, chaîne, lance, trois sections, etc…) et ceci même dans des espaces réduits. Bien évidemment dans les rapports avec les armes longues telle que la lance, le pratiquant devra se munir d’une solide vigilance doublée d’une rapidité d’action que peut d’artistes martiaux aujourd’hui possède.

La longueur particulière de la lame est conçue pour faciliter le maniement rapide et souple. Si la longueur de la lame ne correspond pas correctement aux mesures du pratiquant, à savoir par exemple si la lame est trop longue par rapport à la longueur de l’avant-bras, l’utilisateur ne pourra pas pratiquer les techniques de rotation à l’intérieur des bras sans risquer de se blesser. C’est pourquoi en ce qui concerne les mesures du couteau, l’élève doit se tourner vers les connaissances de son professeur.

Le style Wing Chun, issu du croisements des meilleures méthodes de combat du sud et du nord de la Chine n’est pas le seul style à utiliser les couteaux-papillons. Dans les styles du Nord de la Chine on retrouve aussi cette pratique. Les techniques et les principes d’action sont par contre différents. Dans les rapports de moyenne distance, le Wing Chun utilise des techniques de coup de pied en coordination avec l’utilisation des deux couteaux dans le même temps. Un maître bien connu pour ses prouesses martiales, Wong Fei Hong, était réputé pour sa dextérité dans la pratique des couteaux papillons.

La pratique de la forme des couteaux papillons requiert une bonne habilité générale. Les débutants dans cette pratique devront prêter attention à la direction des techniques qu’ils emploient. En effet le poids des couteaux rend plus difficile la maîtrise des mouvements et même si les techniques tel que Pak Sao, Tan Sao, Bon Sao, etc.. se retrouve dans la pratique au couteaux, leur exécution demande plus d’habilité et de concentration. Lors du contact avec les différentes armes le pratiquant de Wing Chun utilise sa connaissance des forces pour diriger l’énergie de ses techniques dans la bonne direction. A ce stade les mêmes principes que dans les exercices de Chi Sao sont nécessaires pour progresser correctement.

Dans l’entraînement aux couteaux papillons, l’élève doit se concentrer sur la précision des mouvements, la mobilité des déplacements, la concentration du regard, la coordination des bras, et la direction correcte des énergies dans l’exécution des techniques.

Blocages, frappes et techniques

En défense, les techniques aux Bart Jarn dao sont basées sur les mouvements circulaire et linéaire, les techniques pivotantes, les mouvements d’abaissement  et d’élévation, les techniques de blocage et de cassage de lame.

Dans l’attaque les techniques aux Bart Jarn Dao comprennent les mouvements transperçant, coupant, frappant ainsi que leurs combinaisons.

Dans l’entraînement de base, les pratiquants débute par les techniques d’application contre bâton ce qui élimine les risque de blessure grave. Bien évidemment l’entraînement aux armes nécessite un maître expérimenté afin de guider correctement le travail et éviter les accidents . Naturellement les techniques d’applications peuvent s’appliquer à d’autres armes. La grande épée est comparable au sabre du samuraï, à l’épée de Taï Chi, etc… Le pôle (bâton long) du Wing Chun est similaire à la longueur de la lance ; le bâton est semblable au bo ; les épées de Kali ressemblent aux doubles couteaux, double épée, double bâton, etc …

Dans la pratique des armes, le travail des déplacements est un élément indispensable.

  • C’est pourquoi l’entraînement au Bart Jarn Dao demande tant d’effort dans le développement de la mobilité. Une mauvaise répartition du poids et instantanément le mouvement suivant s’en trouvera ralenti, donnant par-là de trop grandes opportunités à l’adversaire.
  • Les réflexes visuels sont d’une importance vitale dans ce type d’échange. Être capable d’utiliser ses yeux efficacement et savoir quel doit être le point sur lequel il faut se concentrer en fonction des circonstances est essentiel dans la phase de pré-contact.
  • La pratique des couteaux papillons est une excellente méthode pour le développement de l’acuité visuelle. L’élève apprend à concentrer son regard sur la pointe de l’arme adverse pour discerner le niveau et la direction des frappes
  • Au moment du contact avec l’arme, ce sont les réflexes sensitif développé dans les relations de Chi sao qui prendront le relais pour une contre attaque rapide à courte distance.

A travers le travail des applications techniques le pratiquant de Wing Chun développe sa capacité à suivre des yeux le point le plus dangereux de l’arme de son adversaire. Il agit ensuite en conséquence en utilisant la rapidité de ses déplacements pour interrompre l’attaque de son adversaire ou le placer dans une position tactique défavorable. L’avantage des Bart Jarn Dao est que n’importe quelle partie du couteau peut être utilisé pour frapper. La garde, le crochet, la pointe, la poignée, le dos ou le tranchant de la lame sont autant de manières pour riposter aux attaques d’un adversaire. De plus  la taille et le poids moyen des couteaux en font une arme d’une grande rapidité de maniement.. Avec les couteaux papillons une simple rotation du poignet transforme un mouvement de défense en une technique d’attaque redoutable!